Quelques chansons françaises dont le titre est le nom d’une ville

De Toulouse à Amsterdam, de Barcelone à Montevideo, toutes les villes du monde ont une chanson française qui leur rend hommage. Leur nom seul est le titre du morceau. Ce sont souvent de belles chansons.

Toute chanson est une invitation au voyage dès lors qu’elle entonne le nom d’un lieu, d’une place, d’une cité. Nous listons ici des morceaux dont le titre est le nom d’une ville, et seulement le nom d’une ville. Donc pas de « Paris s’éveille« , pas de « Week-end à Rome« , par de « Dimanche à Bamako » et encore moins d' »Alexandrie Alexandra« , juste le nom de la ville. Petit florilège de titres, de belles chansons et d’autres un peu moins.

Toulouse (Claude Nougaro)

Dans les années rive gauche, les artistes de la variété française étaient plus enclins à jouer les Parisiens d’origine qu’à chanter la ville de leur province. Claude Nougaro lui-même, lorsqu’il rédigea ses premières paroles pour « Toulouse« , écrivait moins de louanges que de rancoeur vis-à-vis d’une adolescence difficile dans le quartier des Minimes. C’est son épouse d’alors qu’il lui propose de réécrire le texte, d’en faire « un chant d’amour et non de rancune« , histoire de faire de paix avec sa jeunesse et sa ville natale. Le morceau sort en single en 1967 mais ne rencontre pas un succès immédiat. Peu à peu toutefois, il s’inscrit dans le patrimoine de la cité occitane. On entend « Qu’il est loin mon pais, qu’il est loin… » au stade des Ponts Jumeaux avant les rencontres de rugby. Les touristes s’intéressent à l’eau verte du Canal du Midi et la brique rouge des Minimes. « Toulouse » devient un morceau phare des récitals de l’homme aux semelles de swing, puis la chanson emblématique de la Ville Rose.

Brest (Miossec)

Qui d’autre que Miossec pouvait chanter Brest, le vent de l’avenue Jean-Jaurès, la rade, le port, ce qu’il en reste ? Le Finistérien avait dès son premier album évoqué ses errances dans le quartier de « Recouvrance« , mais c’est neuf ans plus tard, en 2004, qu’il sculpte un hommage magnifique à la cité bretonne. Son morceau, qui s’appuie sur les quelques notes d’un piano mélancolique, vise le coeur des habitants à travers quelques situations qu’il décrit avec des mots simples.

Saint-Étienne (Bernard Lavilliers)

On n’est pas d’un pays, mais on est d’une ville. C’est Bernard Lavilliers qui l’assène d’entrée dans un magnifique hommage à sa ville natale en 1975, à une époque où le nom de Saint-Etienne se répand dans toute l’Europe grâce à son opiniâtre équipe de foot. Le Stéphanois, c’est le nom de l’album, dit se saoûler à New York, se battre à Paris, balancer à Rio et rire à Montréal, il reste au fond de lui un enfant des forges, de la suie et du métal. Un enfant de Saint-Etienne.

Nantes (Barbara)

Si beaucoup de monde reste persuadé que Nantes est une ville pluvieuse, c’est de la faute à Barbara. Une ville triste où est mort son père et où elle se rend malgré elle pour les funérailles. Le morceau sort en 1964 où la chanteuse évoque une rue de la Grange au Loup. Celle-ci n’a jamais existé mais que la municipalité de Nantes, pas rancunière, la créera vingt ans plus tard pour rendre hommage à la chanson.

Paris (Taxi Girl)

Paris a souvent été chantée pour la beauté de ses rues et le charme de ses nuits. Mais Daniel Darc et Mirwais, le duo qui assure la survie de Taxi-Girl en 1984 décide de prendre le problème dans l’autre sens. Ils assurent que Paris est une ville sale et ennuyeuse, et qu’on se trompe sur l’épellation de son nom. Daniel Darc y parle plus qu’il ne chante peu, avec un ton désabusé, sur une musique très dance, à deux doigts d’inventer les codes d’un hip-hop à la Française. Une mention spéciale pour la reprise-hommage-adaptation réalisée par le groupe Bruit Noir en 2019.

Amsterdam (Jacques Brel)

Jacques Brel avait choisi Amsterdam, il aurait pu choisir Hambourg ou ailleurs, un de ses ports du Nord de l’Europe où les marins chantent, boivent et pleurent sur les femmes infidèles. Le chanteur belge n’a d’ailleurs jamais été convaincu par cette chanson qu’il a commencé à chanter en 1964 et qu’il trouve facile. Malgré son succès considérable, il ne l’a jamais enregistrée en studio.

Bruxelles (Dick Annegarn)

Dick Annegarn a passé son enfance à Bruxelles. Mais la chanson qu’il enregistre en 1974 n’est pas vraiment un hommage à la capitale belge. Le nom de la ville semble masquer le nom d’un amant regretté au même titre que Paris souvent cité comme un deuxième amour. Le chanteur avouera que derrière Bruxelles se cachait le prénom Michel et que Bruxelles ma belle sonnait comme Michelle ma belle des Beatles. La chanson sera tirée de l’oubli au début des années 2000 grâce à une reprise d’Alain Bashung. Puis deviendra un hymne hommage suite aux attentats du 22 mars 2016.

Copenhague (Philippe Katerine)

C’est la chanson la plus sombre du quatrième album de Philippe Katerine, « Les Mauvaises fréquentations » (1996). La plus belle sans doute aussi. Le chanteur vendéen évoque la capitale danoise comme s’il n’en était jamais revenu. En 2000, il offrira sa chanson à la voix suave d’Anna Karina.

Barcelone (Yves Simon)

Vous souvenez-vous de cette chanson d’Yves Simon, à Barcelone l’hiver… Peut-être pas. Ce fut un petit succès au cours des années 1980, mais la chanson n’est pas terrible. Tempo un poil trop lent, production datée, et surtout une invitation au voyage un peu décevante. A aucun moment les paroles du morceau ne rappellent vraiment la capitale catalane. On y évoque un navires de guerre, une caravelle pour l’Amérique, un train de nuit… Une histoire d’amour sans lendemain sur une mélodie lancinante. A l’époque, Yves Simon en avait fini avec les gros pulls et les rouflaquettes. Il tournait en trois-pièces des clips élégants avec des top models. Pour chanter Barcelone, on préférera encore Boris Vian. Ou Freddy Mercury.

Edimbourg (Les Wampas)

C’est l’une des chansons les plus romantiques des Wampas, groupe qui nous habitue à des riffs plus rageurs. Mais pour la capitale écossaise, le ton est beaucoup plus mélodique qu’habituellement, et même mélancolique. Aussi triste et beau qu’une rue d’Edimbourg. Ta soeur avait raison.

Rotterdam (Léo Ferré)

Léo Ferré n’a jamais caché son agacement devant le succès d’Amsterdam de Brel que lui aussi devait considérer comme une chanson facile. Il compose alors Rotterdam qu’il joue pour la première fois en 1969, et qu’il présente comme une réponse au morceau de Brel. Les paroles évoquent grosso-modo les mêmes choses, avec moins d’emphase et plus de sarcasme.

San Francisco (Maxime Le Forestier)

C’est une maison bleue, sans doute la plus célèbre du monde. En 1971, Maxime le Forestier revient d’un voyage en Californie où il a cotoyé des hippies dans une maison aux murs bleus, adossée à la colline, dans le plus pur esprit beatnik. Il écrit cette chanson très rapidement, comme un simple clin d’oeil a ses amis américains. Cela deviendra son plus gros succès.

Göttingen (Barbara)

C’est l’histoire d’une chanteuse française invitée en Allemagne, un pays dont elle garde une haine tenace depuis la guerre. En 1964, Barbara se rend à Göttingen sans enthousiasme, invitée à y donner un concert. Sur place, la chanteuse réclame un piano à queue là où la salle n’avait qu’un piano droit. Alors qu’elle annonce l’annulation du concert, des étudiants lui amènent un piano conforme à ses caprices, qu’ils ont trouvé chez une vieille dame. Émue par le geste, et sans doute un peu honteuse de son attitude, la chanteuse donnera finalement son concert. Mieux, elle jouera plusieurs autres soirs, et lors du dernier, offrira au public l’ébauche de la chanson qui portera le nom de la cité.

Montevideo (Alain Bashung)

C’est dans son album posthume sorti en 2018, neuf années après sa mort, que l’on trouve ce morceau écrit par Mickael Furnon. Bashung en avait bien enregistré une maquette mais l’avait finalement laissé de côté. Une ballade mélancolique où il est question de cerfs-volants qui flottaient sur la mer et de milliers d’amants qui s’embrassaient par terre, mais où la capitale de l’Uruguay n’est citée que pour la musicalité de ses syllabes. Il aurait toutefois été dommage que ce morceau reste définitivement dans l’oubli.

Tarifa (Françoiz Breut)

Une ville tout au sud de l’Espagne, une ville au bout de tout, comme une fin en soi, un morceau de Françoiz Breut ciselé par Dominique A, superbe, fragile, tranchant. Avec en face une autre terre.

Macao (Le Grand Orchestre du Splendid)

La musique semble provenir de Kingston mais ce sont bien les tripots de la lointaine Asie qu’évoque le premier succès du Grand Orchestre parisien en 1979. Une partie de poker sous un vieux ventilateur où l’on sort les revolvers (ça sent le sang). Une parodie de reggae qui n’est pas sans rappeler les pérégrinations exotiques de Gainsbourg ou Lavilliers. Un an plus tard, une salsa démoniaque fera le succès de l’orchestre.

Vesoul (Jacques Brel)

On voulait écouter Amsterdam et on a eu Vesoul. La chanson aurait d’ailleurs pu s’appeler Vierzon, Honfleur, Paris, Anvers, Hambourg ou ailleurs. La légende rapporte que le grand Jacques avait promis aux patrons d’un hôtel de la ville de Haute-Saône qu’il écrirait une chanson sur Vesoul. Alors on a eu Vesoul. La chanson est enregistrée à la va-vite en septembre 1968 dans un studio parisien que le groupe doit rendre dans les dix minutes. Tandis que Brel chante, l’accordéoniste Marcel Azzola improvise un air d’accordéon et le chanteur l’encourage : « Chauffe Marcel ! Chauffe !« . L’exclamation sera conservée sur l’enregistrement.

Coutances (Dick Annegarn)

Dick Annegarn a donné à beaucoup de ses chansons le nom d’une ville. En 1975, le Néerlandais francophone se demande ce qu’il fait un dimanche après-midi dans cette petite ville de Normandie, dans une chambre d’hôtel moyen, sans étoiles. On sait juste que le soleil passait à travers des rideaux de voiles, un soleil frais. La chanson « Coutances » fait partie de la bande-originale du film La Science des rêves de Michel Gondry (2006).

Dunkerque (Indochine)

Créée en 2002 par Nicolas Sirkis, « Dunkerque » est devenue l’une des chansons phares du groupe Indochine. Une chanson qui rappelle si besoin que le monde est un enfer mais où jamais n’est prononcé le titre du morceau. Il s’est passé quoi, à Dunkerque ?

Saumur (Trust)

En 1980, le porte-drapeau du hard-rock à la Française rend hommage au chef-lieu du Maine-et-Loire. Bernie Bonvoisin semble avoir une dent pour les saumurois : Mentalité de rats, population mesquine, mentalité rupine… Le fief des bourgeois, le bastion de l’ordure. Et ça termine par des bruits de bottes…

Portsmouth (Françoiz Breut)

Après Tarifa au bout de tout, la voix fébrile de Françoiz Breut chante toujours les mots de Dominique A et rejoint les rives de Portsmouth au terme d’une traversée où elle redoute que son cœur soit transpercé. La chanson parait d’abord en 1998 sur « L’attirance« , un 5 titres de Dominique A, puis est réenregistrée deux ans plus tard sur le deuxième album de Françoiz Breut « Vingt à trente mille jours« .

Torremolinos (Sttellla)

Tout au sud de l’Espagne se rendent chaque année des milliers de touristes belges venus goûter aux joies du camping sous le soleil de la Costa Del Sol. Le plus belge des groupes belges ne pouvait ignorer le phénomène…

Jakarta (Trisomie 21)

On ne sait pas vraiment pourquoi le jeune groupe de l’underground français a choisi la capitale de l’Indonésie comme titre d’un morceau instrumental, plus proche de Joy Division que du gamelan de Java. Sans doute les membres pensaient-ils qu’un jour, ça leur permettrait de figurer dans un hypothétique classement de chansons françaises dont le titre est le nom d’une ville.

Mise à jour octobre 2020

Bègles (The Hyènes)

The Hyènes, le groupe du batteur Denis Barthes, rend hommage à leur petite ville proche de Bordeaux, à une époque où celle-ci est victime de licenciements et de crise sociale. Le clip est tourné à la station de bus qui porte le nom de la commune avec comme guest-star une personnalité du coin : le syndicaliste Philippe Poutou, que les combats ont portés au conseil municipal de Bordeaux et à la candidature présidentielle.